Grains : match serré entre la France et l'Allemagne
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Si la France a la manie de se mesurer en permanence à l'Allemagne, elle n'a finalement pas à rougir de son PIB/habitant : 30 700 €/habitant en 2011, contre 31 300 outre-Rhin. Certes, la balance globale du commerce extérieur est largement positive en Allemagne (+ 188 Mds€ contre - 67,1 Mds€ pour la France). Mais, quand on passe à l'échelle de l'agroalimentaire, les positions s'inversent : - 12,9 Mds€ côté allemand, + 11,6 Mds€ côté français. Le commerce agroalimentaire entre les deux pays tourne à l'avantage de la France, qui globalement réalise un solde voisin de 1 Md€.
Si Berlin a connu un léger excédent public global en 2012, c'est au prix « d'une fonction publique squelettique », « d'investissements dans les infrastructures collectives en forte réduction » et finalement « d'un modèle qui a davantage profité aux entreprises qu'aux salariés, selon Michel Ferret, chef du service Marchés et études filières de FranceAgriMer. Ce qui peut créer des difficultés par la suite, l'Allemagne ayant peut-être vécu son âge d'or. »
En matière de grains, le solde français est positif en céréales (1,5 Mt) et en colza (1,1 Mt), culture pour laquelle les courbes de production sont en train de se croiser entre les deux pays en faveur de la France (4,8 Mt pour l'Allemagne en 2012, 5,4 Mt pour la France). En revanche, le solde français est largement déficitaire en farine, de l'ordre de 100 000 t. « La fin en 2008 de l'entente qui existait entre les meuniers français et allemands a bénéficié à ces derniers qui en ont profité pour développer leurs exportations », explique Michel Ferret.
« L'Allemagne est une pompe aspirante et refoulante, ajoute-t-il, elle importe beaucoup de blé fourrager, mais exporte du blé de haute qualité à hauteur de 5 à 6 Mt/an. » En effet, outre-Rhin, les taux de protéines moyens sont en permanence supérieurs à 12,5 %. « Quand on a un tel niveau en France, on débouche le Champagne », plaisante-t-il. Le conseil spécialisé céréales de FranceAgriMer a d'ailleurs, mi-mars, tiré la sonnette d'alarme sur la capacité de la France à garder un taux de protéines correct. « On est depuis quelques années sur une tendance un peu régressive alors que l'amidonnerie, la meunerie et l'export ont des exigences », déplore Rémi Haquin, président du conseil spécialisé céréales de FranceAgriMer. Les contraintes imposées par la directive nitrates ne devraient pas inverser la tendance.
Renaud Fourreaux
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